• Contrairement à l’image d’une technologie « laissez-faire », le gouvernement américain contrôle en réalité étroitement le fondement essentiel de l’écosystème de l’IA. Alors que le public se concentre sur des applications comme les chatbots ou les outils de génération d’images, Washington intervient profondément sur les puces, les supercalculateurs et les données d’entraînement – le socle de l’intelligence artificielle.
  • Sous les administrations Trump et Biden, les États-Unis ont appliqué une politique de contrôle des exportations de puces d’IA avancées, empêchant spécifiquement la Chine d’accéder à du matériel puissant. Biden a également restreint le partage des « poids des modèles » (model weights) – les poids qui déterminent la manière dont l’IA génère des réponses.
  • Pendant ce temps, l’administration Trump a négocié une coopération pour la fabrication de puces avec les Émirats Arabes Unis afin de renforcer sa chaîne d’approvisionnement stratégique. Les deux administrations, apparemment opposées, poursuivent un interventionnisme sélectif – « souple en surface, strict au cœur ».
  • La différence entre les États-Unis et l’Europe est claire : l’EU AI Act se concentre sur l’interdiction des applications à « haut risque » comme l’IA dans la santé ou la surveillance, tandis que les États-Unis se concentrent sur le contrôle de la couche infrastructurelle – puces, centres de données, algorithmes et accès aux ressources informatiques.
  • La Chine adopte également une approche similaire, mais pour des raisons politiques – restreindre les deepfakes et la désinformation, assurant la « souveraineté algorithmique ».
  • La nature de la « déréglementation » aux États-Unis est en fait une réglementation cachée à travers le commerce et la sécurité nationale. Les réglementations techniques nommées « Mise en œuvre de contrôles à l’exportation supplémentaires » (Implementation of Additional Export Controls) ou « Utilisation finale des supercalculateurs et des semi-conducteurs » (Supercomputer and Semiconductor End Use) masquent leur nature politique.
  • Les chercheurs appellent cela la troisième vague de réglementation de l’IA – combinant la protection sociale (selon le modèle européen) et la sécurité nationale (selon le modèle États-Unis-Chine), visant à éviter la fragmentation et la duplication.
  • Comme le commentent les auteurs Sacha Alanoca et Maroussia Lévesque : « La politique d’IA des États-Unis n’est pas un désengagement, mais une redéfinition du lieu où se produit la réglementation – légère en surface, stricte au centre. »
  • Si les États-Unis continuent de maintenir l’« illusion de non-réglementation », tous les efforts pour établir un cadre de gouvernance mondiale de l’IA deviendront vains, car le pays possédant les plus grands laboratoires d’IA du monde maintient en réalité un contrôle profond.

📌 Ne vous laissez pas tromper : Contrairement à l’image d’une technologie « laissez-faire », le gouvernement américain contrôle en réalité étroitement le fondement essentiel de l’écosystème de l’IA. La politique d’IA des États-Unis est une intervention délibérée : souple au niveau de l’application pour stimuler l’innovation, mais maintenant un contrôle absolu au niveau de l’infrastructure – puces, données et modèles fondamentaux. C’est une nouvelle stratégie de soft power, où la technologie devient un outil politique dans la compétition mondiale pour l’hégémonie de l’IA.

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